NAISSANCE D’UNE VOCATION

 

Pour clore en beauté l’aventure artistique vécue rue de Trans à Draguignan, les « Allumés d’arts » vous proposent une exposition originale, « La naissance de la vocation artistique  » d’Orelio Conti.

A 86 ans, Orelio se souvient très bien de la période de son enfance où tout naturellement il se découvrit créateur, comme une évidence, tout comme on respire. Cet éveil se situe entre ses cinq ans et ses onze ans, entre 1940 et 1946.

Exactement la période de la seconde guerre mondiale.

 

« J’étais réfugié en Italie avec ma mère dans un petit hameau, au sommet d’une colline, chez un oncle qui possédait une petite ferme isolée au cœur de la Toscane. Entre deux périodes d’ angoisse créée par la guerre qui se déroulait tout autour, j’ai vécu en pleine campagne au cœur de la nature,mes premières extases.

Mais ces instants durant lesquels mon âme s’épanouissait dans une félicité insondable qui m’inondait souvent au printemps, à la vue des premiers bourgeons, des premières feuilles, puis par l’émerveillement devant la foisonnante arborescence, par la découverte d’une source au creux d’un rocher, par la vue d’un parterre de fleurs lumineuses dans l’ombre d’un sous-bois, par l’apparition d’oiseaux aux couleurs inattendues et merveilleuses, finissaient par s’estomper. Alors, je cherchais le moyen de les retrouver, de les revivre, en essayant de recréer l’évènement, en retournant sur le lieu où cela s’était produit.

 

Mais la plante avait grandi, la lumière avait changé , mon état d’âme n’était plus le même.

Alors j’essayais de m’en imprégner, d’en garder la trace, même maladroitement, par des dessins, des couleurs, mais aussi par le modelage, car j’avais découvert dans un pré un parterre argileux et moelleux qui gardait l’empreinte de mes pieds nus.

Mais ces « œuvres » étaient suffisantes pour que je garde le souvenir de ces moments merveilleux.

 

Après tant d’années, il reste peu de témoignages de ces tâtonnements, mais j’ai eu la chance de retrouver dans mon ancien atelier des œuvres de cette période, sauvées miraculeusement bien que fragilisées, car je n’avais alors que du papier des crayons et de l’aquarelle pour les réaliser.

 

Certaines sont présentes dans cette exposition. D’autres plus délicates, je me suis efforcé de les reproduire le plus fidèlement possible, car elles contiennent une fraîcheur qui annonce déjà l’œuvre plus élaborée qui naîtra de mes expériences vécues, de mes émerveillements, de mes souffrances et de mes avancées spirituelles.

 

Concernant notre départ de la rue de Trans, événement qui a suscité cette exposition en plein hiver, je dois dire, compte tenu de la maltraitance et de la dégradation de mes œuvres dans la ville, que pour moi c’était devenu une évidence.